L'ARBRIER

L'HERBIER DES ARBRES

Le travail présenté ici est le fruit de longues années d'amitié avec les arbres.
Je ne me souviens pas de ma vie sans eux. Je ne me souviens pas de n'avoir pas été les voir, leur parler, les rencontrer.
Aller à leur rencontre. Les toucher. Les sentir. Les côtoyer, jour après jour, saison après saison. Cueillir, ramasser, trier. Remplir des cartons
de branches, bourgeons, feuilles, pives.
Et puis s'arrêter. S'asseoir au pied de l'arbre. Écouter.
Parfois, jubilation, entrer en résonance immédiate avec un pin plein de souffle.
Parfois, frissonner comme une feuille sous un hêtre pourpre.
Parfois, pleurer, être consolée par un cèdre plusieurs fois centenaire.
Parfois, ne rien entendre. Attendre. Jusqu'à ce que l'arbre parle. Ou plutôt jusqu'à ce que je comprenne ce qu'il a à me dire.
Revenir. Souvent. Toutes les saisons. Année après année.
Silence intérieur. Capter. Vibrer.
Apprendre.
Et puis, écrire. Chercher dans les livres, un peu. Mais surtout reprendre la vibration intérieure, la note. Décrire le sentiment vécu.
Au plus juste. Au plus précis.
Un genévrier n'a pas la même voix qu'un sorbier. Il n'a pas la même vie.
Il ne raconte pas la même histoire. La force est différente.
La couleur est différente. Le secret n'est pas le même.
Comprendre.
Ouvrir les cartons. Retrouver branches, bourgeons, feuilles, pives.
Senteurs. Envoûtantes. Ça pique. C'est doux. Ça se casse. C'est dur comme pierre. C'est fragile, si fragile. Et si vivant.
Ouvrir des tableaux. Retrouver la voix de l'arbre. Le laisser composer l'ouvrage presque tout seul. Lui offrir juste mes mains. L'arbre se raconte.
Et puis, partager. Avec vous. Pour le plaisir d'être ensemble un instant. Et vous donner l'envie, peut-être, d'aller y voir, y sentir, y vivre par vous-même.
La forêt n'est pas loin…
Enfin, remercier.

 

 

Extrait

Épicéa Picea abies   Sapin, sapin, tout le monde m'appelle sapin ! N'importe quoi ! Tout ça parce qu'on m'utilise comme Sapin-de-Noël et que dans mon nom latin, il y a "abies", qui veut dire sapin ? Mais mon nom à moi, le vrai, c'est E-PI-CE-A ! Six lettres, quatre syllabes, c'est pourtant pas compliqué ! Et dire qu'il faut ouvrir un livre technique sur les arbres pour apprendre ça ! Je me demande ce qu'on vous enseigne à l'école … Bon, j'admets quand même qu'avec Sapin on joue un peu avec vos nerfs parce qu'on se ressemble… comme deux faux frères ! J'admets aussi que nos différences sont subtiles : des trucs comme l'horizontalité des branches de Sapin, l'arrondi et le piquant de mes aiguilles ou le fait que mes cônes tombent entiers à terre alors que ceux de Sapin se désagrègent d'abord sur branches… Mais ce n'est pas une raison !   ....

 

 

Infos livre : 15 pages / format A4 / disponible auprès de l'auteur / plus d'images de l'Arbrier

 

 

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